Dans les « Sustainability Report » des grandes banques de 2021, le mot biodiversité n’apparait que très peu, alors que les engagements en faveur de la transition environnementale sont largement mis en avant. Quand elle est mentionnée, il est d’ailleurs fréquemment indiqué qu’il s’agit d’un engagement « nouveau » sur lequel l’établissement a décidé de se positionner.
Pourtant, la dégradation de la biodiversité présente des risques non négligeables pour les institutions financières : un risque sur leurs investissements (baisse de la valeur marchande des portefeuilles exposés, risques en matière de responsabilité juridique (sur les dommages causés par des opérations entrainant une perte de biodiversité), d’évidents risques d’image et enfin l’exposition à des risques réglementaires. Un durcissement des réglementations françaises et européennes est prévu à relativement court terme.
Conscientes de leur exposition à ces différents risques, les banques s’interrogent sur les actions à mettre en place pour réellement aborder le sujet de biodiversité (au-delà des actions symboliques et sympathiques : ruches, …). Des premières initiatives plus ambitieuses sur le thème de la reforestation et la préservation de l’eau arrivent.
Pour aller véritablement plus loin, un des enjeux clés est celui de la mesure, de la donnée et des méthodes d’évaluation. La gestion d’actifs a commencé à développer ses modèles pour intégrer la biodiversité et la plupart des banques travaille sur l’acquisition des données nécessaires à l’évaluation des pratiques et impacts. Certaines prennent également l’engagement d’évaluer à compter de 2025 (presque demain), la totalité de ses clients entreprises sur des critères liés à la biodiversité.
Pour appuyer ces démarches, les initiatives communes à l’échelle française et internationale se multiplient, Taskforce on Nature-Related Financial Disclosures (TNFD) notamment, fondée en 2020 et financée par des gouvernements, des institutions financières et des entreprises prenant la forme de groupes de travail avec en ligne de mire l’objectif de constituer une méthodologie analysant les risques liés à la biodiversité.
Certaines de ces « alliances » ont récemment formulé des recommandations aux institutions financières. La Natural Capital Finance Alliance (NFCA), constituée d’institutions financières et d’experts environnementaux de premier plan, recommande par exemple aux banques d’analyser l’ensemble de la chaîne de valeur des entreprises de leur portefeuille et d’identifier leurs impacts sur la biodiversité, de fixer en interne des objectifs précis, puis de mettre en œuvre des changements dans les activités de financement à partir de ces données.
Le moment semble donc venu pour les grandes banques d’avoir des démarches plus volontaristes. Elles ont tout à y gagner : elles pourraient ainsi améliorer leur sensibilité aux risques et contribuer significativement à la préservation de la biodiversité
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